LA PSYCHANALYSE

 

Contenu de l'article.
La psychanalyse est un miroir vivant.
Ce miroir reflète trois niveaux de la psyché : l'inconscient, le préconscient et le conscient .
Elle est un processus vivant d'évolution.
Quel est le rôle du psychanalyste ?
Quelques considérations pratiques.

QU'EST-CE QUE LA PSYCHANALYSE ?

ELLE EST UN MIROIR INTÉRIEUR.

La psychanalyse se sert de la fonction écran du cerveau. Le cerveau est, en effet, un miroir vivant qui permet de voir l'intérieur de soi . Il réfléchit l'intérieur du corps jusqu'à six fois et à différents niveaux. Ces niveaux ressemblent un peu aux niveaux de sommeil : profond, paradoxal de rêve (etc.) puis le système jour.  Il se sert aussi de 3 ou 4 différents niveaux de mémoires, de stocks d'images.

CE MIROIR PERMET DE CONNAÎTRE un peu mieux NOTRE PARTIE INCONSCIENTE.
Le travail central de toute analyse réside dans l'interprétation de la partie inconsciente, celle qui n'est pas connue de soi, afin de la rendre consciente. Cela suppose pour l'analysé de n'avoir pas peur de cet inconscient qui ne fonctionne pas toujours comme la partie consciente et raisonnée de soi. De voir ce qui se passe réellement à l'intérieur de soi, dans la partie sur laquelle on a jeté le voile permet de résoudre les conflits intérieurs et de comprendre ce qui se passe en réalité.
Le niveau appelé  Inconscient (ou le Ça) contient beaucoup de schèmes inscrits dans le corps et il est le gardien de tout ce qui est écrit dans l'Adn qui est la mémoire  de l’espèce animale humaine. L'Ics gère l'instinct animal. C'est là que se situent les pulsions de vie (et le plaisir de vivre) face aux pulsions de mort (et leurs pensées de mort). Dans les pulsions de vie sont inscrits les instincts de survie de l’espèce. L'Ics a besoin de prendre du sens et c'est déjà une espèce de miroir qui donne un premier sens à ce qui se passe dans notre corps. Pendant toute la vie, il y a une lutte entre ces pulsions de vie et de mort. La psychanalyse aide à  préférer la vie aux pensées de mort. L'Inconscient est aussi le lieu de la mémoire la plus profonde et des expériences basiques y compris les mémoires générationnelles et sociétales . Il me semble aussi qu'une partie de l'affectivité et des sentiments se situent dans l'inconscient puisqu'ils viennent du plus profond de notre corps.
ELLE AIDE A REMETTRE LE PASSÉ EN PLACE.
Une grande partie de nos souvenirs et de nos expériences passées est rangée dans l'Inconscient. Le travail sur l'Inconscient permet de débloquer les périodes qui n'ont pas été bien intégrées dans le passé et il peut faire en sorte que le passé ne soit plus un frein à l'avenir. Les parents ne seront plus les grands coupables. C'est le rêve qui ramène à la surface les images inconscientes en lien avec la mémoire du passé.

LE TRAVAIL DU PRÉCONSCIENT
Un perfectionnement, par évolution, du miroir de la psyché a permis de rendre plus virtuel le système d'écran de l'inconscient et il s'est formé le Préconscient (ou le Soi). Ainsi est née une certaine conscience de Soi. Les fonctions du Pcs sont nombreuses. Un bon exemple nous est donné par les smartphones. Les adolescents aiment faire des selfies c'est à dire une image de soi-même (du Soi). Cette image virtuelle est envoyée sur les réseaux sociaux. Ainsi l'adolescent est reconnu par ses fans et son identité est confortée. Et c'est déjà de même manière que le petit enfant se crée son identité par un jeu de selfies(=le Soi) entre lui et sa mère ou son père auxquels le bébé répond par un sourire. Quand le bébé voit sur le visage de sa mère les yeux et qu'il entend sa bouche qui parle,  il fait à l'intérieur de lui-même (dans son Soi) la synthèse de son image et il lui répond par un sourire.   Un autre exemple de Pcs nous est fournit par les rêves. Ils ressemblent à un écran de cinéma qui ferait un film avec des séquences de mémoire inconsciente et préconsciente pour leur donner un sens qui tienne la route. L’interprétation des rêves par le psy, leur donne ce sens et les images du Pcs deviennent alors Conscients (Moi). Pour le psychanalyste cela suppose « l'art » de traduire les rêves et l'Inconscient et son travail passe par l'interprétation des rêves, des fantasmes et des association d'idées. C'est le rêve qui accomplit, pendant la nuit, tout un travail de réorganisation et de réparation de l'Inconscient.
Par ailleurs, le préconscient a aussi pour rôle de structurer nos images et nos pulsions. Le Pcs contient aussi bon nombre de schèmes de structures et d'organisations automatiques. Il est un peu ce que la grammaire est à notre langage :  en parlant, on en fait sans le savoir et sans s'en rendre compte.
 La psychanalyse peut prendre ce travail du Pcs en main et favoriser sa réalisation. Certains de ces jeux de miroir aident le psychanalyste à refaire les images et les identités perdues ou mal rangées. Les jeux d'un bon miroir qui brille apportent beaucoup de (bon) narcissisme ce qui donne un certain confort à la vie. Un autre avantage de cet investissement intérieur, c'est que la psychanalyse offre partiellement la possibilité de créer et d'inventer soi-même sa propre psyché ainsi que ses propres moyens et manières de transformer l'immense énergie qui se trouve en jeu dans le fonctionnement affectif. Secondairement la psychanalyse donne à ceux qui ont plaisir à le faire la possibilité de s'investir eux-mêmes, de l'intérieur, de voir et de comprendre comment tout cela fonctionne.
Le corollaire de ce jeu de miroir appelle la non-intrusion du psychanalyste dans le miroir qui appartient en propre à l'analysé. Il appelle la « neutralité bienveillante » du psychanalyste. Ce dernier ne parle jamais de lui-même. Il ne commet pas d'ingérence dans la vie de l'analysé. Il ne fait pas de suggestion. Il ne commet pas de court-circuit narcissique en prenant plusieurs personnes en même temps.
L'attention « flottante, neutre et bienveillante » du psychanalyste permet de ne pas fausser ce jeu de miroir et de le rendre positif en sorte que l'analysé puisse s'y« réfléchir » lui-même sans fausses interférences. Cela demande beaucoup de rigueur en même temps qu'une grande souplesse.Sans le psychanalyste qui sert d’écran de projection, ce jeu de miroir est plus difficile. La psychanalyse remplace avantageusement l'autoanalyse ou le système d'analyse qui se fait de façon naturelle mais notons que ce ne sont pas les psy qui ont inventés la psychanalyse, elle est un fonctionnement propre à la personne humaine.

LA PSYCHANALYSE EST AVANT TOUT UN PROCESSUS VIVANT.

La psychanalyse est avant tout un processus vivant d'évolution psychologique. L'analyse remet en route le même processus que celui qui fait grandir et évoluer dans l'enfance et dans l'adolescence. Tout le monde connaît cet enjeu de l'adolescence qui pousse les jeunes à intégrer la puberté, les amitiés, la sexualité, le travail et la vie sociale pour faire le passage vers la vie adulte. D'ailleurs le début d'une analyse est souvent rêvé comme un train puissant qui se met en marche, qui rend positive l'évolution vers une plus grande maturation.

La seule condition de réussite de ce mouvement est que l'envie d'évoluer soit plus forte que la violence profonde et cachée qui s'y oppose. C'est ce processus qui redonne la confiance en soi et la force au Moi, il rend le droit d'exister, de faire sa place au soleil et d'avancer dans la vie. Il défait les confusions entre la vie et la mort (la naissance et la mort), l'amour et l'agressivité. Le sexe, et la mort sont enfin dissociés. Là nous rejoignons Freud lorsqu'il dit que tous les rêves que l'homme peut projeter sur sa vie sont régis par les fantasmes (appelés originaires) de la mort, de la naissance, de l'amour et de leurs sublimations...

LE DÉSIR D'ÉVOLUER

Ce qui motive une psychanalyse n'est pas tant de vouloir résoudre un quelconque problème de pathologie mais c'est le désir de prendre des dimensions dans la vie et d'évoluer. L’analité, telle une locomotive joue un rôle important dans ce désir. La plupart des gens commencent une analyse :

Notons ici, que la vie en générale, est positive tant qu'elle évolue. La vie des couples par exemple, dure tant que le couple évolue et elle n'est plus supportable quand elle régresse. Il arrive aussi aux psy d'avoir à gérer cette régression qu'est le désir de se suicider.

LA PSYCHANALYSE DONNE UNE CERTAINE PUISSANCE AU MOI

La psychanalyse donne une certaine force au Moi, elle donne le droit d'exister et d'être soi-même. Elle remet en juste place le décalage entre cette image de soi qu'on appelle narcissisme et soi-même. Elle évacue ce qui à l'intérieur ne correspond pas au Moi et ne lui appartient pas. Cela n’a rien à voir avec le nombrilisme, il s'agit plutôt d'un désir de se prendre en main et de ne plus penser que ce sont le monde extérieur et les parents qui sont les seuls coupables. Le droit d'exister et de réussir sa vie, peut, parfois aussi, venir de l'intérieur, même dès la petite enfance.

Parce qu'elle n'aime pas la projection à l'extérieur de ce qui est intérieur, la psychanalyse reste le bastion d'un certain individualisme. C'est pour cette raison aussi que les psychanalystes pensent que cela vaut la peine de s'occuper d'au moins une même personne  fois par semaine et pendant un temps assez long...

À QUI CONVIENT LA PSYCHANALYSE ?

En fait, les anciennes classifications des pathologies psychiatriques du temps de Freud ne sont guère utilisables en psychanalyse. Certes elles décrivent des mécanismes qui n'ont pas changé et ne changeront jamais mais en psychanalyse chaque individu a son fonctionnement propre dont la compréhension doit être adaptée. Les étiquettes catégorielles sont inutilisables. Par contre elles sont utiles aux psychiatres pour adapter les médicaments. Le but premier de la psychanalyse n'est pas de guérir. « Guérir » n'est pas un terme psychanalytique mais médical. Cependant elle permet aux personnes déstabilisées ou qui ont vécu une cassure plus ou moins profonde, de retrouver leur équilibre. Cet équilibre peut être atteint à plusieurs niveaux.

Les grandes cassures.

Lorsque la violence profonde est tellement importante qu'elle aboutit au délire, aux décompensations dépressives, à de graves formes de persécutions, à des formes d'autodestructions, suicidaires ou autres mises en acte, à la toxicomanie, à l'alcoolisme et autres dépendances, la psychanalyse n'est possible que s'il s'agit de personnes ayant par ailleurs une médication. Dans ces cas difficiles, la psychanalyse est le plus souvent accompagnée de soins psychiatriques et de prise de médicaments, ce qui n'est pas facile à gérer mais cela permet au psychanalyste de rerendre positif le désir d'évoluer pour remplacer le désir de régression et de destruction.

La psychosomatique.

D'autres personnes ont tellement peur de leur inconscient qu'elles préfèrent envoyer leur destruction dans leur corps sous ces formes qu'on appelle psychosomatiques. Accéder à la psychanalyse signifie pour elles d'arriver à regarder en face cet Inconscient qu'elles nient et dont elles ne veulent rien savoir. Le monde symbolique est à recréer pour qu'il puisse apporter son narcissisme. Le psychanalyste ne soigne pas le corps mais il est évident qu'en cas de psychosomatisation, il faut autant soigner le corps que le psychologique puisque les symptômes sont réel. La tête doit prendre le dessus sur la pensée opératoire qui circule dans le corps mais qui devrait être assumée par les fantasmes et la pensée plus psychologique.

Les angoisses, les phobies et autres obsessions quotidiennes.

La psychanalyse est tout à fait indiquée dans les cas où l'angoisse ou différentes formes de peurs prédominent. Il y a ceux qui éprouvent comme un trou noir dans leur tête et qui sont épouvantés par ce vide dans lequel ils ont peur de tomber. Parfois ils n'arrêtent pas de pleurer, n'ont plus confiance en eux-mêmes ni en l'avenir comme s'ils n'avaient pas le droit d'exister. D'autres viennent à l'analyse parce qu'ils ne dorment plus et, quelquefois même, ils ont peur de certains objets ou de certaines idées. Il y a aussi la peur de conduire en voiture, de monter dans l'ascenseur, de traverser une route ou de prendre le train... Et il y a encore ceux qui procèdent à toutes sortes de rituels comme de tourner la clé trois fois dans la serrure, de vider son sac et de le remplir ou les rituels de purifications qui peuvent régir une société tout entière.



À QUEL ÂGE ENTREPRENDRE UNE PSYCHANALYSE ?

L'analyse devrait être conseillée à un enfant lorsqu'il a des problèmes de scolarité au C.P.  A cet âge, l’analyse rattrape rapidement les petites déviations du développement et permet de reprendre plus facilement le cours de l'évolution personnelle et scolaire.

Elle est impérative à l'adolescence lorsqu'on sent que l'adolescent entre dans une crise importante qui risque de le casser entièrement. Lorsqu'elle commence à temps une analyse peut éviter cette cassure ou sa répétition une dizaine d'années plus tard.

La cinquantaine est aussi un passage difficile avec l'andropause et ménopause qui souvent s'ajoutent au départ des enfants qui quittent la maison parentale pour faire leur vie. Même au troisième âge, la psychanalyse présente son intérêt.         

Le plus grand nombre d'analyses commence toutefois après la trentaine lorsqu'il s'agit de passer d'une adolescence prolongée à l'âge adulte et lorsque le désir est grand de ne pas passer à côté des forces vives et du narcissisme de la pleine force de l'âge de la vie.

La psychanalyse peut aussi être une belle expérience à la vieillesse lorsque les pulsions de mort prennent petit à petit le dessus sur les pulsions de vie et qu'il faut sauver une petite flamme de narcissisme

COMMENT SE PASSE UNE PSYCHANALYSE ?

Une analyse exige de venir régulièrement et heure fixe aux séance. Freud exigeait cinq fois par semaine, aujourd'hui, c'est plutôt une fois. Ces séances durent 30 à 45 minutes. Ce temps correspond à une certaine durée du cycle biologique et non à la fantaisie de l'analyste. Le cadre et le contrat du début de l’analyse ont besoin d'être rigoureux. Ils correspondent à la structure psychologique de l'analysé. C'est aussi la raison pour laquelle toute modification des horaires provoque de si fortes réactions. A titre d'exemple, le retard au début de la séance est souvent vécu comme un retard dans l'entrée dans la vie à la naissance. Le déplacement d'une séance peut symboliser le déplacement du cadre et de la fonction paternelle. Une séance supplémentaire peut équivaloir à une gratification narcissique maternelle, à un signe d'amour maternel.

LA LIBRE ASSOCIATION

Aux séances la règle fondamentale consiste à dire tout ce qui passe par la tête (y compris les rêves), sans considérations morales, philosophiques, religieuses ou autres... De dire ainsi toutes ses pensées est appelé libre association. Cette valeur est fondamentale. Elle ajoute une dimension nouvelle aux sciences traditionnelles restreintes au raisonnement et à la déduction. Ces deux derniers sont toutefois aussi la base de la psychanalyse qui cherche à comprendre les fonctionnements psychologiques.La libre association est une dimension spécifique à la psychologie humaine. Elle permet que chaque individu ait la liberté d'être ce qu’il est. De ce fait Vérités, Normes, Chapelles, Jugements et autres Idéologies ne sont pas des termes psychanalytiques. C'est elle qui donne sa liberté au Moi.

On peut comparer la libre association à la manière dont le tout petit enfant fait ses premières synthèses. Lorsque le bébé voit les yeux de sa mère, qu'il entend sa voix et qu'il voit sa bouche bouger, alors il fait la synthèse de l'image de sa mère comme dans un miroir et il lui fait un beau sourire. La libre association de l'analysé répond en miroir à celle de l'analyste et l'interprétation provoque la synthèse. Et ceci montre que le psychanalyste aussi dans une bonne libre association.

A cette règle de la libre association, il faut en ajouter une autre : celle qui engage la personne en analyse, à laisser le processus évoluer et à faire en sorte qu'il aboutisse. C'est le plus difficile de l’analyse, parce qu'il n'est pas facile de rester positif vis-à-vis de soi-même.

NÉCESSITÉ DE L'INTERPRÉTATION DE L'INCONSCIENT

Cette méthode de la libre association a été inventée par Freud et elle est la seule qui permette de dégager le fonctionnement de l'Inconscient... et sa propre vérité ! Un des rôles de l'analyste consiste à interpréter ce qui se passe à ce niveau de l'Inconscient. De la sorte peuvent se résoudre un certain nombre de conflits intérieurs entre ce dont on a conscience et ce qu'on ignore de soi. Personne ne peut faire ce travail tout seul. Il nécessite un psychanalyste, parce que ce qui se passe dans l'Inconscient, est, par définition même, caché à son propriétaire ! Ceci dit, il n'est pas conseillé d'interpréter directement l'inconscient le plus profond, celui qui est brut. Cette partie du psychisme est négative et il faut l’interpréter après avoir fait la conversion positive.

UNE ANALYSE SE PASSE SURTOUT AU NIVEAU DU PRÉCONSCIENT

D'une manière plus précise, il est souhaitable que l'analyse se passe au niveau du Préconscient. On reconnaît un bon psychanalyste à sa capacité de travailler (avec souplesse) à ce niveau et de savoir à quel niveau de profondeur se situe les problèmes ! « A quoi ça vous fait penser » ou « Qu'est-ce que ça vous rappelle » permettent de renvoyer aux associations libres et aux souvenirs qui forment le Pcs. et qui font le lien avec l'Inconscient. Il faut procéder avec souplesse parce qu’il y a des personnes qui ne peuvent pas faire d'association libres, d’autres ont refoulé la fonction de remémoration des souvenirs et d'autres encore n'ont que très peu élaboré leur Pcs. Une analyse n'est pas une discussion ou un conseil qui se passent au niveau conscient. Elle n'est pas une confession qui constitue ce que Freud appelait « une décharge cathartique » qui court-circuite le Surmoi et sa culpabilité. L'analyse n'est pas non plus une traduction brute de l'Inconscient. Le Préconscient forme le trait d'union entre le Cs. et l'Ics. L'inconscient est déjà mis en sens et l'association d'idée le relie à la Conscience. J'ai toujours été en admiration devant la capacité de Freud d'entrer progressivement dans la séance. Dans une ambiance de bienveillance et de neutralité, il partait du niveau conscient, laissait un peu de place à la décharge des angoisses ou des soucis et au bout d'une dizaine de minutes, il passait au Pcs. : « Est-ce que vous avez fait des rêvés » ?

Le Pcs. permet l'interprétation. Celle des rêves et du Pcs. facilite grandement la compréhension de ce qui se passe à l’intérieur de soi à ce niveau plus inconscient. Le silence permanent du psychanalyste conduit à une perversion explosive et douloureuse de l'analyse par accumulation des problèmes dans l'Inconscient.

QUELLE EST LA DURÉE D'UNE PSYCHANALYSE ?

L'évolution humaine est une construction qui implique le facteur temps ! La psychanalyse n'aime pas la magie toute puissante qui promet le paradis pour tout de suite ! Même si au bout de quelque temps son effet se fait bien sentir, du fait de ce processus, la profondeur d'une psychanalyse est proportionnelle à une certaine durée. Les couches les plus profondes de la psychè ne peuvent être intégrées qu'à ce prix.

LA FIN DE L'ANALYSE ?

Normal 0 21 false false false FR X-NONE X-NONE MicrosoftInternetExplorer4 Mon expérience de trente ans m'a montré que la fin d'une analyse était différente avec chaque personne. Pour certains, l'analyse est terminée avant même de commencer… C’est le cas de ceux qui ne viennent pas au premier rendez-vous comme ils ont raté leur premier rendez-vous à leur naissance. D’autres terminent leur analyse quand ils ont atteint leur maximum dans leur capacité d'évoluer. Parfois l'analyse se termine quand le psychanalyste n'arrive plus à faire évoluer une situation bloquée. Il va de soi que la personne en analyse peut arrêter son analyse quand elle le veut mais une analyse longue est plus facilement continuée par cette forme d'autoanalyse naturelle, automatique et plus ou moins somatique qui est au cœur de toute psyché. Il faut cependant savoir que tout arrêt d'analyse provoque une baisse du (bon) narcissisme, ce qui montre bien que l'analyse est partiellement irremplaçable ! Sans les séances l’analyse avec un miroir extérieur à soi ne marche plus…

QUEL EST LE COÛT D'UNE PSYCHANALYSE ?

La psychanalyse a un certain coût parce qu'elle a une certaine valeur. Le prix des séances varie selon les psychanalystes. Les tarifs sont fonction des psychanalystes et de leur capacité d'adapter leur propre analité à la réalité financière de leurs "clients".

Mais cela ne doit pas faire oublier que l'argent représente des dimensions importantes de l'analyse. L'argent fait partie d'un système de valeurs psychologiques plus global (appelé analité) et qui répond de la valeur et de la puissance qu'on a réellement à l'intérieur de soi. Les moyens et la puissance mis en jeu ainsi que les transformations de l'agressivité font partie de cet investissement. L'analyse permet de ne plus confondre l'argent avec sa propre valeur ni avec sa propre puissance et ses propres moyens... L'analité est une locomotive qui fait avancer dans la vie.

Les psychanalyses gratuites ou payées par les assurances marchent pendant quelque temps sans problème. Mais dès que l'analité, (c'est-à-dire les problèmes de sa propre valeur et de sa propre puissance) doit se mettre en place, l’analyse piétine ou même ignore cette dimension. Cela pose une grande question, celle du rapport entre la vie sociale et la vie individuelle.

LA FORMATION PRATIQUE DES PSYCHANALYSTES

Après la folle vague des années 1960 de disputes sur la formation de psychanalystes, on commence maintenant à savoir comment se forme un psychanalyste ! Freud lui-même pensait d'abord que tous ses amis pouvaient pratiquer, puis il a confié la formation à une société de psychanalyse. Freud, Ferenczi et d'autres n'ont jamais fait d'analyse mais ils étaient doués pour se servir de leur autoanalyse. D'aucuns ont pensé qu'on pouvait l'enseigner à l'Université. Les Américains ont voulu réserver la psychanalyse aux médecins.

Aujourd'hui on commence à admettre que la meilleure formation du psychanalyste est celle qui est intégrée à son analyse (ce qui ne le dispense pas d'une formation théorique très importante). Mais on a constaté qu'il est plus facile pour un psychanalyste d'analyser les autres, lorsqu'il peut parallèlement analyser comment il réagit à leurs angoisses et à leurs fonctionnements (= contre-transfert). C'est pourquoi on est moins choqué à l'idée que la psychanalyse des psychanalystes soit souvent très longue. C'est la condition pour qu’ils puissent faire évoluer les cas de plus en plus difficiles dont ils sont amenés à s'occuper. Et leur capacité à mener à bien des analyses limites est souvent proportionnelle à la longueur de leur propre analyse !

Je suis, personnellement, assez sceptique pour une quelconque « supervision » ou un« contrôle » menés parallèlement à l'analyse du psychanalyste. On ne peut pas faire deux transferts à la fois sous peine de fausser le miroir. Ceci ne veut pas dire qu'on ne peut pas discuter de technique ou de théorie avec des psychanalystes plus expérimentés. Demander des conseils est autre chose que d'analyser le contre-transfert. Les« contrôles » ont, souvent été des palliatifs à des analyses mal terminées ou trop courtes. Ils posent également le problème du Surmoi social.

LA FORMATION THÉORIQUE

La psychanalyse est une science au même titre que les autres. Ce n'est pas parce qu'elle est une science qui concerne l'intérieur de l'individu qu'elle n'est pas une science comme veulent le prétendre certains scientifiques qui ne croient qu'à la science objective. La subjectivité aussi a ses lois et on ne peut pas nier l'Inconscient !

Cette science de la psychanalyse ne s'invente pas. Il est inconcevable qu'un psychanalyste n'ait pas étudié une grande partie de l'œuvre de Freud et lu un nombre important de psychanalystes contemporains. Mais ce qui est intéressant dans la psychanalyse c'est que l'acquisition de la théorie psychanalytique résulte d'un travail du Moi. Elle est fonction de l'évolution du Moi. La psychanalyse ne peut être comprise que si le fonctionnement correspondant est déjà intégré. Elle ne résulte pas d'un Surmoi imposé de l'extérieur ou par la société. Si la théorie psychanalytique n'est pas une construction du Moi, elle aura des difficultés à être utilisée dans les séances de psychanalyse. On ne peut pas tricher avec du toc ! Le Surmoi ne sert qu'un moment, il donne la structure puis, au moment de la synthèse, il a pour vocation de disparaître.

Il y a un ordre logique dans l'évolution de l'apprentissage d'une théorie. Freud a commencé par étudier les angoisses du corps, puis il s'est débattu avec l'hystérie parce qu'il avait lui-même intégré la symbolisation et ce n'est qu'à la fin de sa vie qu'il a pu essayer de comprendre le fonctionnement des sociétés avec Totem et Tabou et des œuvres suivantes.

En plus de sa formation universitaire ou autre, chaque psychanalyste se construit son monde et ses modèles théoriques propre et il les intègre dans son Moi comme il y intègre son Idéal. Qui n'a pas commencé avec P.Daco ou Méni Grégoire ? Le mélange devient plus savant avec les géants du début : Freud, Abraham, Férenczi, E. Jones... Ils permettent de se former vraiment et de s'introduire... Freud est d'abord idéalisé mais à la fin, il est intégré. Puis ce sont les psychanalystes contemporains qui deviennent les stars. Ces étoiles sont différentes pour chacun parce qu'elles répondent aux besoins de la vie de chacun ! C'est ainsi que chacun se spécialise. Mais ces idéalisations sont, elles aussi, destinées à disparaître avec la synthèse du Moi.

Ce n’est qu'à partir du moment où le Moi a fait une certaine synthèse de la théorie et de la pratique qu'il peut jouer avec le narcissisme et l'analité puis en faire la synthèse par une certaine sexualité œdipienne et libératrice, Les notes et la technique musicale deviennent enfin un bel air de musique qui n'a plus rien à voir avec le solfège, la psychanalyse devient un art et un métier !

LES ÉCOLES ?

Les dissidences ont été nombreuses depuis Freud : Adler, Fromm, Reich, Jung et tant d'autres... Il a été recensé plus d'un millier de formes de parapsychanalyses. Je dirais que chacun cherche dans la vie ce qu'il a envie de trouver et qu’il faut de tout pour faire un monde. Le problème des croyances et de la magie est un problème d'Idéal, d’idéologie, d'illusion, de fascination. L'accaparement de la psychanalyse peut aussi résulter de la toute puissance du Surmoi. C'est ce jeu d'un mauvais narcissisme et d'une analité perverse qui a été à l'origine de toutes les guerres !

Mais je trouve important que la psychanalyse soit appelée psychanalyse.

Elle est un métier différent de la psychologie qui étudie le fonctionnement humain mais qui n'a pas d'outil pour intervenir sur la psyché. La psychologie est enseignée à l'université et a beaucoup de difficultés à trouver une application pratique. Il me paraît cependant indispensable que le psychanalyste soit aussi un bon psychologue. Connaître les schèmes de développement de l'enfant, la spécificité de l'adolescence et des âges de la vie ou encore connaître les mécanismes des images et de la psyché est une nécessité. Mais la psychanalyse se différencie de la psychologie. Seule la théorie psychanalytique peut être enseignée à l'université (encore que la méthode pour l'intégrer ne soit pas forcément la même). Il ne faut surtout pas oublier que la psychanalyse est avant tout une pratique et une expérience individuelle, un insight et une science des fonctionnements subjectifs. Seule la pratique du divan peut en conférer l'apprentissage. On en revient au principe du forgeron, c'est en forgeant qu'on devient forgeron !

Elle est un métier différent de la psychiatrie qui étudie la partie physique, corporelle, neurobiologique et cérébrale du psychisme. Elle se sert des médicaments pour agir sur le comportement humain. Ces médicaments ont fait des progrès considérables et ils sont indispensables dans les cas qu'autrefois on appelait les psychoses. Les médicaments jugulent l'agressivité (comme dans le suicide) ou l'excitation primaires (comme dans le délire)  et cela permet alors de faire la psychanalyse. Sans médicaments bien adaptés, la psychanalyse n'a aucune chance de réussite. On peut même observer comment elle fluctue au gré des diminutions ou des augmentations de médicaments.

Elle est un métier différent de la médecine. La psychosomatique fait le lien entre la psychanalyse et la médecine pour comprendre le lien entre ce qui est psychologique et les maladies.

Elle est un métier différent de la psychothérapie. Ce mot traduit souvent la peur de faire de la vraie psychanalyse. Ce terme désigne des méthodes aussi différentes que la relaxation, l'hypnose ou le traitement des psychotiques.

Elle est un métier différent de beaucoup d'autres formes de consultations basées sur la magie ou la suggestion et dont quelques-unes sont la survivance de la psychologie d'il y a trois mille ans. L'astrologie, par exemple date de l'époque ou les astres étaient des divinités religieuses comme le dieu Soleil chez les Incas ou les Egyptiens. A chacun sa psychologie !

Tout ceci montre que la psychanalyse suppose un choix : celui de vouloir s'investir et se valoriser soi-même en priorité afin d'arriver à prendre une certaine dimension dans la vie et d'évoluer...

La psychanalyse est un très grand progrès dans la connaissance et le traitement psychologique. Freud a laissé une méthode sûre et une bonne technique d'accès au psychisme. Depuis la psychanalyse a fait son chemin et même si la technique psychanalytique de base est la même que celle de Freud, son application pratique a fait des progrès considérables ! Les psychanalyses d'enfants ont été mises au point. Avec l'aide des psychiatres, on sait mieux traiter les grands déprimés avec des résultats satisfaisants. Les maladies du corps (psychosomatiques) qui ont un lien avec le psychologique sont davantage connues dans leur mécanisme. L’ordinateur et autres smartphones et scanner ont permis aux neurologues de faire des progrès considérables dans la connaissance du cerveau. De leur coté, les psy ont été forcés de mieux investir le fonctionnement du cerveau en tant que miroir, écran. Peut-être qu'un jour les psychanalystes et les neurologues se rapprocheront-ils pour mieux comprendre le fonctionnement du cerveau en tant que psyché...

J'espère que ces renseignements vous seront utiles et je vous remercie de les avoir lus !

    P.S.

J'ai eu de nombreux mails, au sujet de ce texte, me demandant comment reconnaître un bon psychanalyste. C'est une réponse à laquelle il est presque impossible de répondre tellement c'est difficile. Il y a cependant quelques points qui sont incontournables. Un bon psychanalyste se reconnaît au respect du cadre : l'heure des séances et leur durée ne sont pas aléatoires. Il travaille sur l'inconscient : il analyse les rêves et se sert des associations d'idées. Il fait la différence entre une interprétation rigoureuse et le bavardage même psychologisant. Il comprend que les jeux du miroir, les mouvements narcissiques et les transferts ont leurs règles qu'on ne peut pas changer ni réinventer a volo...La neutralité bienveillante y est fondamentale.

 

 


Sommaire

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© Alfred ERBS

Docteur ès sciences humaines

Docteur en ethnologie

Psychanalyste à ORLÉANS

e-mail : alfrederbs@gmail.com

web : http://www.psychanalyseerbs.com/

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